vendredi 1 janvier 2010





Ce blog se clôturera sur un écrit de notre ami Daniel, agrémenté de quelques photos.

La quatriéme étape de la 27e édition du rallye Toulouse Saint Louis du Sénégal nous a menés de l’aérodrome de Tit Mellil, près de Casablanca, à Tarfaya, appelée à l’époque de la Ligne Aéropostale : Cap Juby.

Ce lieu chargé d’histoire a vu, pendant un peu plus de deux ans, un certain chef d’escale nommé M. Antoine de Saint Exupéry.

Participant à mon troisième rallye j’ai coutume de comparer la caravane à un essaim d’abeilles itinérant le long d’un sillon tracé par les pionniers de la Ligne, ces laboureurs aériens, syndicalistes de la noblesse anonyme, qui transportaient contre vents et nuages des mots timbrés.

Nous, petites abeilles, butinons les fleurs semées par nos maîtres souhaitant ainsi éviter l’effacement de leur sillon par la sédimentation de l’oubli.

Après un voyage sans histoire, l’arrivée au terrain se fit dans des conditions météorologiques idylliques. L’atterrissage fut une caresse après une approche veloutée côté mer.

Avion vite rangé sur le côté de la piste , autorisant aux autres de rejoindre la ruche, à l’ouverture du cockpit se produisit l’enchantement. Lumière, température, panorama, désert de sable adossé au maritime tout n’était qu’harmonie et douceur. A cet instant je compris l’inspiration d’ Antoine, j’était son frère. Plus de concurrents ou participants à un rallye mais des terriennes et terriens sur la Planète, ici et maintenant, une envie de partage. Les mots ne suffisent pas à décrire l’harmonie dont la Nature est capable dans un lieu aussi aride, rustique. Tout est dans tout !

La petite abeille était posée sur l’épaule du petit Prince, cette sensation de partager sa vie me donnait le vertige. L’onirisme se mélangeait au réel, je ne savais plus qui j’étais où j’étais.

La nuit venue, piquée d’étoiles, je dormais dans l’encrier d’Antoine. Dans mon lit au creux de sa plume « sergent major » couvert par un morceau de son papier buvard, je dormais dans ses histoires inachevées. Il me parlait de ses gazelles apprivoisées, que l’appel du désert faisait pousser inlassablement du museau le grillage de l’enclos, des facéties de ses singes portés sur son épaule.

Le matin venu tout avait disparu, les abeilles s’envolèrent. Je pris la pleine conscience de ce que j’avais vécu quelques jours après, notamment à l’occasion de l’interdiction de re-décoller par les autorités mauritaniennes à Nouadhibou.

Au retour vers Toulouse, il nous fut possible de survoler à nouveau Tarfaya. Je pilotais ce jour là, j’ effectuais un grand tour de la ville. La piste avait disparu, le ciel était gris….. mon ami le Petit Prince n’était plus là. Je ressentis une profonde tristesse, la condition humaine faisait à nouveau régner sa loi. Je mis le cap vers notre destination avec nostalgie, ce mal qui nous fait du bien, conscient d’avoir vécu une expérience extraordinaire que je souhaite à tous les pilotes.

La petite abeille du Toulouse Saint Louis du Sénégal

Daniel

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